Émissions de CO2, océans pollués, effet de serre, réchauffement climatique. Le premier pollueur, c’est le pétrole, bien sûr. Mais c’est qui qui est en deuxième position ? Hein? Je vous le demande : le textile !

J’en viens à regarder mes tissus avec un œil très noir… L’Organisation des Nations unies a tenu début mars 2018 à Genève une conférence sur les défis posés à l’industrie du textile et de l’habillement tant sur le plan social qu’environnemental. L’UNECE, la commission économique pour l’Europe des Nations unies, a expliqué que l’industrie de la mode est le second utilisateur mondial d’eau et génère 20 % des eaux usées et 10 % des émissions carbone. Le secteur est par ailleurs responsable de 24 % des insecticides et 11 % des pesticides répandus, bien que n’occupant que 3 % des surfaces arables mondiales.

En tant que deuxième industrie la plus polluante, le secteur du textile est également responsable d’une grande partie de la production mondiale de CO2 et de déchets industriels, sans parler des conditions de travail «indécentes».

Pollution à tous les niveaux

Pendant la culture

Les plants de cotons sont également arrosés de pesticides, d’herbicides et d’engrais. La culture du coton consomme d’ailleurs 25% des pesticides et 10% des engrais utilisés dans le monde, polluant les sols et multipliant le nombre de cas de cancers chez les agriculteurs.

 

A l’étape de la filature

Après la culture intervient la filature où apparaissent les agents chimiques de préparation de la fibre (des lubrifiants).

Lors du tissage

Lors du tissage, le fil reçoit de nouveaux additifs pour le rendre plus résistant.

Puis c’est « l’ennoblissement ».

L’ennoblissement regroupe les étapes de teinture, d’impression et d’apprêtage. Les fibres naturelles sont traitées dans l’eau et par des colorants, des métaux lourds et du chrome.
Ainsi, du champ de coton à l’usine de fabrication de vêtements, les produits toxiques ne cessent de se mélanger à l’eau.

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des cours d'eau seraient pollués en Chine à cause de l'industrie textile

Les polluants incriminés

En étudiant les eaux rejetées par diverses usines textiles en Chine, Greenpeace a identifié notamment la présence d’alkylphénols et de perfluorocarbures (PFC). Ces substances sont connues pour perturber le fonctionnement hormonal et peuvent être dangereuses, même à de très faibles doses. Elles persistent dans l’environnement et peuvent avoir des effets potentiellement dévastateurs étant donné qu’elles s’accumulent dans la chaîne alimentaire. (Greenpeace,2013)
The Associazione Tessile e Salute (Textile and Health Association), basée en Italie, a mené une large étude en 2014 sur le textile. L’association rapporte que des produits dangereux tels que les amines aromatiques cancérigènes et les métaux lourds, étaient présents dans les vêtements mis sur le marché en Italie dans la même année. Dans ce contexte, les hôpitaux et cliniques interrogés en Italie ont expliqué que 7 à 8% des maladies dermatologiques étaient causées par les vêtements et les chaussures (2014).

Recyclage

La production de vêtements a plus que doublé au cours des 15 dernières années. Et la moitié de cette manne est jetée en moins d’un an. Chaque année, dans le monde, 21 milliards de tonnes de textiles échouent dans une décharge.

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des textiles usagés finissent dans des décharges

En France, environ 30% des textiles usagés collectés ont été recyclés en vêtements, chiffons industriels, et matériaux de rembourrage ou d’isolation selon l’éco-organisme Eco TLC. Mais les volumes collectés restent faibles : environ 2,4 kilogrammes par habitant et par an en 2012. Soit l’équivalent du quart du tonnage de produits mis sur le marché. (Greenpeace, les dessous toxiques de la mode).

Sur les 1,5 à 2 millions de tonnes de vêtements usés données au recyclage chaque année en Europe, seuls 10 à 12 % sont revendus ou réutilisés sur le continent. Le reste, de moins bonne qualité, est exporté vers les pays en développement. Certains pays, notamment d’Afrique, croulent littéralement sous nos vêtements usés et de mauvaise qualité, et envisagent d’en restreindre l’importation pour protéger leurs marchés locaux.

Et le bilan carbone ?

Les textiles ont un bilan carbone plombé, qui s’élève à 1,2 milliard de tonnes équivalent CO2 dans le monde en 2015. Bien plus que les rejets carbonés du fret maritime et de l’aviation commerciale réunis (Source).

Match synthétique vs coton : la peste ou le choléra ?

Les vêtements en fibres synthétiques ou artificielles occupent 58% du marché. Sur les 42% de fibres naturelles restantes, le coton domine avec 39%. Source. Contrairement au lin et au chanvre, le coton a de grands besoins en eau. Il a notamment besoin d’être irrigué la plupart du temps. La fabrication d’un simple chemise de coton nécessite 3000 litres d’eau.
Du strict point de vue du dioxyde de carbone (CO2), le polyester a un avantage sur le coton ou la laine. Ces deux matières engendrent plus de gaz à effet de serre et consomment beaucoup plus d’eau que lors de la production que le polymère.
Mais l’utilisation croissante de fibres synthétiques – en particulier du polyester qui émet près de trois fois plus de CO2 que le coton au cours de son cycle de vie – a également des répercussions néfastes sur la planète. Déjà présent dans 60 % de nos vêtements, le polyester peut mettre plusieurs décennies à se dégrader. Il est aussi responsable de la pollution de l’environnement marin avec les microfibres de plastique.

Que faire ?

 Selon une étude britannique, nous achetons environ 20 kilos de vêtements neufs chaque année. Chaque article fabriqué à partir de fibres naturelles a un impact en termes de gaz à effet de serre équivalent à plus de 20 fois son poids. L’étude britannique conclut alors que ne pas acheter de nouveaux vêtements économiserait ainsi l’émission de 0,8 tonnes de CO2 par an à comparer avec les 12 tonnes que chaque Français consomme par an en moyenne.

J’essaie acheter des draps, nappes chez Emmaüs ou sur les foire à tout, pour réutiliser les tissus. C’est une petite goutte dans l’océan mais une petite goutte quand même. Comme avec les collants filés que je recycle en tawashis.